Prévenir et lutter contre le mal-être agricole, accompagner les agriculteurs en difficulté.

Mis à jour le 22/02/2023

Aléas climatiques, difficultés de trésorerie, pénibilité du travail, solitude, épuisement… Les caps difficiles à passer sont fréquents dans la vie d’une exploitation agricole. Les agriculteurs, leurs salariés, leurs familles, figurent ainsi au nombre des catégories socio-professionnelles particulièrement exposées à la souffrance psychique. Le film « Au nom de la terre » a redonné en 2019 de la visibilité sur cette situation.

La nécessité d’accompagner les agriculteurs en souffrance est absolument nécessaire.

Or les difficultés sont souvent tues, par pudeur, par crainte, ou par méconnaissance des dispositifs d’appui. En outre, il n’est pas facile pour les proches ou les contacts de

percevoir le malaise et de savoir comment aider. Les premiers signes du mal-être sont souvent peu visibles et les causes en sont multiples. Cela peut par exemple commencer par un sentiment de solitude face à des questions techniques ou économiques.

Quelle que soit la nature de ces difficultés (techniques, financières, sociales, familiales, médicales…), des solutions d’accompagnement personnalisées existent. Encore faut-il les connaître. Une meilleure coordination et une meilleure information sont les objectifs de la feuille de route gouvernementale relative à la prévention du mal-être agricole et à l’accompagnement des agriculteurs en difficulté. En Haute-Vienne, les services de l’État travaillent conjointement avec la chambre départementale d’agriculture, la Mutualité Sociale Agricole (MSA), l’Agence Régionale de Santé (ARS) et le centre hospitalier d’Esquirol pour mettre en œuvre ces objectifs tout en s’adaptant au contexte local. L’enjeu principal réside en une détection la plus précoce possible des premiers signes de mal-être, permettant de proposer immédiatement des solutions adaptées au chef d’entreprise agricole, mais aussi à sa famille ou à ses employés.

Il est essentiel de ne pas rester seul face à ses problèmes, même s’ils semblent au premier abord banals. Mais alors, vers qui se tourner ? L’affiche ci-contre répond de manière simple et opérationnelle à cette question. Pour chaque situation, un service dédié situé en Haute-Vienne est là pour apporter son appui à l’agriculteur ou à ses proches. Destiné à être affiché et distribué dans les lieux publics comme l’accueil des mairies par exemple, ce document donne de la visibilité aux services spécialisés dans l’accompagnement des agriculteurs en difficulté et la prévention du mal-être. Si l’information ne vous est pas utile aujourd’hui, elle le sera peut-être demain pour un ami, un voisin, un collègue, un agriculteur rencontré au hasard d’un rendez-vous professionnel, ou à l’un de ses proches qui s’inquiète et s’interroge.

Il n’est jamais ni trop tôt, ni trop tard pour contacter un service. Mais faire le premier pas n’est pas toujours naturel. Parfois, un coup de pouce est le bienvenu. C’est dans cet objectif qu’un nouveau réseau d’acteurs a été créé et se développe. Ce sont les sentinelles. Citoyens volontaires, par leur proximité avec le monde agricole, ils sont en capacité de repérer les signes précurseurs de mal-être et d’intervenir en relai entre l’agriculteur et les structures spécialisées.

Questions à Mme Fabre-Bardou, évaluatrice et formatrice du réseau des sentinelles en Haute-Vienne :

Bonjour Guylaine, qui êtes-vous ?

Je suis infirmière au CH d’Esquirol et formée à la prévention du suicide depuis janvier 2004, après 17 ans de carrière aux urgences psychiatriques.

Depuis 2019 les outils de formation sur la prévention du suicide ont changé : on forme désormais 3 profils différents et complémentaires :

- les interventionnistes sont les professionnels du soin qui assurent les urgences ;

- les évaluateurs sont des professionnels du soin ou du social, compétents pour réaliser un véritable entretien de repérage ;

- et les sentinelles sont des citoyens volontaires qui assurent un repérage et une orientation sur le terrain.

Dans le cadre de ce nouveau protocole, il fallait un coordinateur en prévention : c’est moi qui assure ce rôle depuis novembre 2019, en animant le réseau local des formateurs et des personnes formées.

Qui sont les sentinelles ?

Ça peut être tout le monde, notamment en contact avec du public agricole. Tout citoyen, sur la base du volontariat, peut être formé pour devenir sentinelle.

En Haute-Vienne, des agents et élus de la MSA et de la chambre d’agriculture, ainsi que des membres d’associations du monde agricole ont déjà été formés.

Mais ça consiste en quoi au juste d'être une sentinelle ?

Être sentinelle, c’est tendre la main vers l’autre qui semble aller mal. C’est être respectueux de l’autre, faire preuve d’authenticité, et aussi de discrétion. Enfin c’est bien connaître son réseau afin d’accompagner et orienter l’autre vers, selon le besoin, des professionnels du soin ou du social, ou encore des conseillers agricoles.

Et puis être sentinelle simplement, c’est avoir le souci de l’autre, mais tout en ayant le souci de soi. Et surtout sans avoir le souci de sauver le monde !

Enfin, la sentinelle n’est pas un thérapeute. Il ne peut pas interpréter les dires de l’autre. C’est là le rôle des cliniciens, qui sont des professionnels de la santé.

Être sentinelle, au final, ce n’est pas un job, mais une compétence personnelle.

Donc tout le monde peut rejoindre ce réseau. Comment devient-on une sentinelle ?

La première étape est d’abord d’être sensibilisé au sujet par une sentinelle qui a déjà été formée. Si vous n’en connaissez pas, vous pouvez me contacter par mail ( guylaine.fabrebardou@ch-esquirol-limoges.fr). Si cette première étape fait sens et que vous souhaitez rejoindre le réseau, l’engagement est de suivre une formation (pour les élus et les associatifs, la formation est prise en charge par l’ARS), puis de signer une charte et de s’impliquer dans le réseau.

Des rencontres sont organisées à peu près deux fois par an avec la coordinatrice et les évaluateurs de terrain. Au sein de son réseau, la sentinelle met en œuvre ses compétences pour repérer et orienter, tout en prenant soin de lui.

Si je souhaite apporter mon aide autrement, existe-t-il d'autres manières de lutter contre le mal-être agricole ?

Oui bien sûr. Tout d’abord je peux être sensibilisé et rencontrer le réseau sans aucune obligation de m’engager. Et je peux aussi tout simplement parler du réseau des sentinelles autour de moi. Les services recensés sur l’affiche connaissent également le réseau. Si besoin, ils sont une porte d’entrée.

Si je dois retenir une seule information sur le réseau des sentinelles ?

Il faut être bien dans sa tête et son corps avant de vouloir apporter son aide à autrui. L’essentiel, c’est d’orienter les personnes vers les bons services.

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